angoisse de mort inceste

Angoisse de mort et agressions sexuelles, inceste

Angoisse de mort et agressions sexuelles, inceste

Les agressions sexuelles provoquent chez la victime un sentiment d’angoisse, de vide qui peut prendre différentes formes.

  • Certaines personnes ne perçoivent pas forcément de manière nette qu’il s’agit d’une angoisse de mort.
  • Pour d’autres, l’angoisse de mort est plus que palpable. Certaines victimes sont hypocondriaques, et l’angoisse se place sur les symptômes du corps, bizarres, qui arrivent, qui bougent d’une partie du corps à une autre, en lien, effectivement avec cette angoisse. La personne cherche alors de façon obsessionnelle la raison précise ou la maladie précise en lien avec ces symptômes. Cela cache une angoisse forte et l’agitation mentale se place sur la recherche de la cause.
  • Pour d’autres encore, l’angoisse se canalise dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)

Dans cet article, j’aimerais vous donner un éclairage, sur ce qu’est l’angoisse de mort, de façon « générale » puis en le reliant aux abus et à l’inceste. L’idée est que vous puissiez comprendre ce qui se passe pour la victime autour de l’angoisse de mort et la façon dont la personne le vit chaque jour. Nous aborderons aussi l’angoisse chez l’abuseur, pour compléter la compréhension.

Alors, qu’est-ce que la thanatophobie ?

La thanatophobie est le mot qui exprime l’angoisse de mort, dans sa version « littéraire », je dirais, puisque cela vient du grec « thanatos » qui signifie la « mort » et de « phobie » qui signifie la peur. Il s’agit d’une peur irraisonnée de la mort en général.

Chaque personne a une « expression » différente de l’angoisse de mort :

  • Cela peut être l’angoisse de sa propre mort ; et/ou celle de ses enfants ; et/ou celle de sa famille (avec ou sans le (la) conjoint(e) ; celle de ses amis…
  • Cela peut être « axé » sur certaines maladies longues et douloureuses (cancers par exemple), ou au contraire brusque (rupture d’anévrisme, accidents…)

L’être humain a conscience de sa finitude, mais pour ceux qui ressentent l’angoisse de mort, la peur exagérée et disproportionnée.

L’angoisse de mort peut « survenir » :

  • en lien avec des décès survenus dans l’entourage durant l’enfance, ou des décès marquants connus par l’enfant.
  • L’angoisse peut être aussi celle transmise par les parents.
  • L’angoisse de mort peut être reliée à un traumatisme et notamment celui des agressions sexuelles et de l’inceste.

Dans le cas de violences, il est facilement de comprendre comment la personne victime de violences peut souffrir ensuite d’angoisse de mort. L’expérience de la violence a confronté la victime à sa propre mort, elle a cru mourir. L’angoisse de mort est peut-être plus difficile à cerner dans le cas d’agressions sexuelles et de l’inceste. Dans son dernier livre « L’inceste ne fait pas de bruit », Bruno Clavier décrypte clairement ce qui se passe lors de l’agression sexuelle et en particulier, lors d’un inceste. Ce que je vais résumer dans les paragraphes qui vont suivre.

L’agression sexuelle représente :

  • à la fois la mort d’une partie importante de la personne
  • et c’est à la fois une menace de mort imminente.
  • La personne se vit comme mort et en même temps ressent une profonde angoisse de mort : le fondement de l’être de la personne est atteint, tout le fondement sauf une « sorte de noyau interne qui reste inviolé ».
  • L’existence de ce noyau interne est permise grâce aux mécanismes d’amnésie (se référer à mon article 2 pour comprendre le principe), et également du clivage ou du déni.
  • Le noyau interne va être le support de la guérison.

Le clivage

Il permet à l’individu qui a subi un traumatisme d’abus de se couper en deux :

  • La partie qui sait qu’elle a vécu le traumatisme. Cette partie est soumise à l’angoisse de mort, permanence. Elle peut souffrir, elle est toujours prête à s’activer
  • L’autre partie de la personne est morte, elle ignore le traumatisme originel, elle est comme insensibilisée. Elle peut assurer toutes les fonctions pour vivre « normalement ». Cette partie morte ne ressent plus rien. Elle n’est jamais là, elle ne profite de rien. Elle est dissociée (pour comprendre davantage ce phénomène, vous pouvez lire avec intérêt mon article sur les symptômes, qui comprend des éléments sur la théorie polyvagale. L’état décrit ici correspond à l’état du dorsal).

L’expression du clivage

  • Soit la personne alterne entre des « moments maniaques insensibles » et moments dépressifs ».
  • Soit au contraire, elle prend un aspect totalement lisse qui ne met en avant que la partie morte. Dans ce cas, on a affaire à une angoisse de mort invisible. La partie vivante est cachée et l’angoisse de mort est inconsciente. La partie vivante ne s’exprime pas, car sentir la vie c’est aussi faire revenir la souffrance du traumatisme, avec l’angoisse de mort qui va avec.

Comme le décrit très bien Bruno Clavier dans son ouvrage, L’angoisse de mort n’est pas ici la menace d’une mort naturelle, elle implique un « anéantissement total de la personne, comme une explosion, un morcellement incontrôlable, une chute incontrôlable dans un puits sans fond ».  Cette angoisse peut conduire au suicide.

L’ennemi intérieur : « l’autre moi-même »

Toujours dans cet ouvrage de référence sur le sujet, Bruno Clavier évoque cette notion « d’autre moi-même », qui permet de comprendre la haine intérieure ressentie lors d’agressions sexuelles.

  • Pour en parler, nous devons revenir à la période de la toute petite enfance : dans les trois premières années, l’enfant n’est pas différencié du monde et des autres, il est le monde, il est les autres. Et petit à petit, il va se différencier.
  • Alors, on peut aisément comprendre que, plus l’abus a lieu jeune, plus les effets sont dévastateurs. La scarification peut ainsi être une conséquence.
  • En effet, la peau délimite l’intérieur et l’extérieur. L’agression met de la confusion entre le mal qui provient de l’extérieur et la peur, colère, haine intérieures que suscite l’agression. Petit, il est difficile de les distinguer.
  • Plus tard, l’adolescence marque le 2ème moment d’individuation après celle de la petite enfance. La scarification attaque la peau avec cet ennemi qui est à la fois intérieur et extérieur. Le retour de la sexualité réactive le contact avec les violences subies. Il s’agit d’une tentative de se défaire « d’un moi autre », ennemi à l’intérieur
  • De plus, avec le phénomène d’amnésie, l’agresseur disparaît, il ne reste alors que soi et « un soi agresseur ». Comme un champ de bataille intérieur, avec l’autodestruction qui en découle. Et là, se rejoint mon article sur les symptômes quand j’évoque le fait que certaines personnes viennent me voir pour un accompagnement à propos de certains symptômes, sans cause apparente (article 3).

L’angoisse de mort concerne les victimes d’agressions sexuelles mais pas que, elle est aussi au fondement des agressions sexuelles

  • L’être humain est pris très tôt dès l’âge de 3 ou 4 ans par des questions existentielles : j’étais où avant ? j’irai où après. Autrement dit, les questions autour de la naissance et la sexualité et des questions autour de la mort.
  • Sur ce chemin de l’existence, il y a deux pôles :
    • celui de la vie avec la sexualité, de ce côté,
    • et celui de la mort, avec la perte et la destruction.
  • Bruno Clavier affirme que l’angoisse de mort serait à l’origine des compulsions irrépressibles des agresseurs. L’angoisse de mort joue un rôle capital dans les transmissions familiales.
  • En effet, l’enfant fait face à deux périodes de pulsions :
    • les pulsions agressives et destructrices (entre deux ans et demi et quatre ans) aux quelles les parents donnent un cadre. C’est la période du non
    • les pulsions sexuelles (entre 4 et 6/7ans, la période œdipienne). De la même façon les parents donnent le cadre.
  • Et c’est cette absence de cadre, qui va engendrer une angoisse de mort colossale à laquelle l’enfant va faire face… et à laquelle le futur adulte va être encore confronté…

Dans le cas d’agresseurs sexuels, l’angoisse de mort  est alors extériorisée dans les actes, à savoir les agressions sexuelles, comme une compulsion irrépressible.

Savoir cela permet de comprendre le contexte dans lequel l’agresseur agit :

  • Un contexte, sans loi énoncé, contexte qui peut être incestuel, « collé » (se référer à mon article sur les schémas répétitifs et le transgénérationnel)
  • Et un contexte où la mort peut être présente. Mort d’un bébé, enfant jeune. En effet, l’acte de l’inceste « abolit » les générations. L’acte est commis par une génération « au dessus » sur celle « en dessous ». Les générations se retrouvent au même niveau. L’agresseur n’est ainsi plus menacé par la mort.

Ainsi, comprendre l’angoisse de mort permet de mettre des mots sur ce que la victime vit au quotidien, sous différentes formes. Cette angoisse se niche de façon multiple, et la victime tente de la réguler, comme elle le peut, et parfois sans en avoir conscience.

Si vous souhaitez approfondir votre compréhension sur le sujet, vous pouvez lire d’autres articles de cette série, et notamment, mon 2ème article sur le traumatisme et la mémoire traumatique ; mon 3eme article sur les symptômes que le 4ème sur les ressentis. Et également, mon article sur "comment se reconstruire"

Sophrologue, hypnothérapeute, thérapeute, je peux vous accompagner si vous avez été victime d’une agression, d’un viol, d’un inceste. Vous pouvez m’appeler pour un premier contact téléphonique, et si vous le souhaitez prendre rendez-vous. Consultations à Paris dans le 11ème et en visio.

Pour revenir sur la page d'accueil

Pour lire l'article sur la reconstruction après ce traumatisme.

Scroll to top