Mieux comprendre la restriction cognitive
Restriction cognitive et sophrologie ou hypnose : mieux comprendre comme préambule à un travail d'écoute de soi grâce à la sophrologie ou l'hypnose
Dans cet article, je propose une synthèse d’éléments détaillés par Dr Jean Philippe ZERMATI dans son livre Maigrir sans regrossir : est-ce possible ?
Ces éléments permettent de mieux comprendre, au sein de l’alimentation, les « interactions », liens entre :
- Le mental
- Les sensations
- Les émotions
Qu’est-ce que la restriction cognitive ?
- Le comportement alimentaire est « normalement » principalement contrôlé par des sensations et des émotions. Et ensuite, influencé par des cognitions conscientes ou pas, et les émotions induites par celles-ci.
- La restriction cognitive est l’intention de contrôler mentalement ses apports alimentaires dans le but de perdre du poids ou de ne pas en prendre.
- L’idée centrale est ici « ce que je mange me sert à rester mince et en bonne santé »
- Et cette idée est en relation avec le corps : « la valeur personnelle d’un individu est inversement proportionnelle à son poids »
Herman et Polivy, deux psychologues canadiens, mettent en avant les concepts d’intention (versus un comportement observable) avec deux états opposés :
- Soit le mangeur concrétise ses intentions, il parvient à respecter ses règles, pour aboutir à son projet de maîtrise de poids : c’est le contrôle du mental des apports, le mangeur ignore alors les sensations de faim (inhibition alimentaire)
- Soit les intentions et décisions ne sont pas suivies des faits, et le comportement est dominé par les défaillances du contrôle du mental. Et le mangeur se met à manger de manière impulsive, sans rapport avec l’intention, le comportement est sous le contrôle de processus émotionnels : hyperphagie, grignotage, compulsion, boulimies. C’est la perte du contrôle mental
- Les deux états alternent avec une durée plus ou moins grande, parfois des années et la personne craque à la faveur d’un événement, divorce, grossesse, problème avec un proche, perte d’un proche, déménagement ; état de fatigue, coup de déprime…
- Et il y a un combat entre les différentes instances, sensations, cognitions, et émotions, pour s’emparer du contrôle du comportement alimentaire
Attachée à la restriction cognitive, la notion de règles à respecter
- Une notion de mangeur responsable avec une vigilance constante sur la manière de manger, une inquiétude diffuse, produite par l’idée de ne pas agir conformément à ce qu’il devrait.
- En cas de prise de poids, le mangeur commence à prêter attention à ses règles, pour dissiper les quelques kilos, tout est prêt pour que la restriction cognitive s’installe
Les règles et les normes alimentaires
- Quand le mangeur a l’intention de contrôler son poids impose des mesures, il modifie sa façon de manger, et décide alors de ne plus se fier à ses sensations alimentaires, qu’il ressent à ce stade encore fort bien.
- Et là rentrent en jeu les normes de ce que le mangeur est censé faire ou ne pas faire. Or seule la quantité de calories compte
- Ainsi les règles alimentaires sont couramment répandues :
- Je n’ai pas faim mais je dois manger = je ne dois pas sauter de repas
- J’ai faim mais je ne dois pas manger = je ne dois pas manger entre les repas
- Je n’ai plus faim mais je dois encore manger = je dois finir son repas pour ne pas avoir faim plus tard
- J’ai encore faim mais je ne dois plus manger = je ne dois pas manger plus que prescrit
- J’ai envie de cet aliment là, mais je dois manger cet aliment là = je dois éviter certains aliments
- Je n’ai pas envie de ça, mais je dois manger ça = il faut s’obliger à manger ça
Les stratégies mises en place par le mangeur dans le cadre de la restriction cognitive
3 types de stratégies :
- Stratégies de réduction
- Elle vise à réduire les apports caloriques, à acheter des produits light, à éviter les aliments gras, sucre, …
- Elle vise à limiter la fréquence de consommation de certains aliments ou catégories jugés grossissants ou sur lesquels le contrôle est périlleux, à établir des quantités jugées suffisantes, à retirer des catégories complètes
- Stratégies d’évitement
- Elle consiste à échapper aux situations de perte de contrôle : se remplir l’estomac avant d’aller à un diner, à manger une montagne de légumes au repas pour éviter le reste, à contourner les rues commerçantes, à ne rien faire rentrer à la maison, à cacher, fuir la confrontation avec les aliments dit dangereux, à s’occuper frénétiquement pour ne pas penser
- En lien avec les autres, elle va par exemple amener la personne à convertir sa famille au menu, à ne plus accepter les invitations…
- Stratégies compensatoires
- Elle vise à gérer les écarts alimentaires, au bout du compte les aliments avec lesquels la personne se récompense deviennent de plus en plus désirables ; les aliments avec lesquels elle se punit deviennent aversifs
- Et cela fait le lit d’une consommation boulimique
Les différents stades de l’installation de la restriction cognitive
- 1ère phase : « je sais que j’ai faim mais je ne dois pas manger », du contrôle mental au sentiment d’échec
- Les sensations de faim sont ici perçues mais elles ont un rôle secondaire dans la décision.
- Les pensées sont conscientes, avec un comportement volontariste mais l’individu reste libre, d’abandonner le contrôle du mental pour le contrôle sensoriel de son comportement alimentaire
- Avec l’alternance des états de contrôle mental et d’échec du contrôle, provoquant une inondation émotionnelle : désarroi, culpabilité, honte de soi, perplexité, anxiété, sentiment d’échec, dépression
- 2ème phase : « je sais que je n’ai plus faim mais je ne peux m’arrêter», quand on peut plus respecter ses sensations
- Cette phase est dominée par l’irruption des pensées inconscientes et émotions induites. Par exemple, je pense que le chocolat fait grossir et cela provoque en moi de l’inquiétude, de l’anxiété
- Il y a ici une difficulté de respecter ses sensations alimentaires, malgré leur perception, encore là ; Le processus cognitif incite la personne à son insu à manger au-delà de sa faim et vient se substituer à ses sensations alimentaires
- Les aliments sont divisés en deux catégories
- Aliments non grossissants avec l’idée que, si je mange beaucoup d’aliments non grossissants, je n’aurai plus envie des aliments grossissants que je m’interdis. Et ici, la faim des aliments non grossissants disparait, mais pas celle des aliments interdits, qui augmente. La peur de craquer fait disparaitre les sensations alimentaires.
- Aliments grossissants avec l’idée que, si je consomme un aliment grossissant, je dois en profiter au maximum car je n’y aurai plus droit ensuite. et comme les fameuses envies ne disparaissent pas, le risque est bien réel. Des luttes et privations avec un « rattrapage » qui se fait à un moment donné
- Ensuite conscient de commettre un écart, le mangeur se jure de ne plus commettre l’erreur, il se retrouve dans la peau du mangeur qui mange son dernier morceau de fromage, de pizza ; et là, une cognition inconsciente se substitue à une sensation alimentaire dans le processus de motivation, décision.
- Que passe t il en termes d’émotions ?
- Ces idées sur la bonne manière de manger donnent naissance à des émotions induites : la peur, le « couple » frustration – culpabilité, le sentiment d’insécurité, et le trouble du réconfort.
- La peur de manquer: elle est la conséquence du schéma aliments grossissants / aliments non grossissants. Avec l’idée que : je dois manger beaucoup car demain je n’y ai pas droit = je fais des provisions
- La peur d’avoir faim: elle est la conséquence de l’interdiction de manger entre les repas. Je surconsomme pendant les repas, pour ne pas transgresser entre. Et ici la personne mange plus qu’elle n’a faim, elle a peur de sa faim (risque de compulsion, malaise). le mangeur mange pour se rassurer de ses peurs, perd la capacité de percevoir le seuil de satiété
- Couple frustration – culpabilité avec une lutte permanente, la compulsion de l’aliment qui ne comble pas un besoin de calorie mais soulage le sentiment de frustration et privation
- L’insécurité alimentaire: l’insécurité de certains aliments, trop gras, sucrés, provoque une ambivalence et la disparition de la sérénité, remplacée par la culpabilité, et l’anxiété empêche le processus de rassasiement
- Le Trouble du réconfort: manger en réponse à une émotion négative.
- 3ème stade : « je ne sais plus si j’ai encore faim ou assez mangé », quand on ne perçoit plus ses sensations
- Manger avec sa tête : ici la faim pourra être confondue avec toute autre sensation ou émotion
- La personne passe du contrôle à l’obsession, et une lutte intérieure acharnée s’engage alors entre les émotions et les processus mentaux pour prendre le pouvoir et le contrôle du comportement alimentaire, aucun répit pour le mangeur, au bord des émotions. des obsessions alimentaires, au réveil, le matin, toute la journée, et qui l’empêchent de dormir
- Avec aussi une résistance acharnée à ne pas succomber aux émotions, plus la résistance est grande, plus le désir de manger aussi
- Emotif, impulsif, ne pas devenir un mangeur émotionnel est la préoccupation centrale
- 4ème stade : « je mange sans faim et je ne peux plus rien contrôlé », l’échec du contrôle mental
- Vient le moment où le mental capitule et les émotions prennent le dessus
- Des émotions déclenchent la prise, avec un appel au réconfort. Avec des pensées négatives sur soi, ses relations aux autres et ses conditions de vie.
- Ensuite ces émotions sont remplacées par d’autres : reproches, culpabilités, peur de grossir et nourrissent la mauvaise opinion du mangeur sur lui-même. Plus il s’accable, plus il a envie de manger
- Et lors de la prise alimentaire, des émotions induites même lors de la prise alimentaire ordinaire qui vont entrainer un mode compulsif : J’ai trop mangé, je vais grossir. le repas est stresseur.
Dans la restriction cognitive, la personne est en proie à 3 cercles vicieux
- Le cercle vicieux des pensées négatives
- Plus j’ai des pensées négatives, plus j’ai des émotions négatives, plus je mange, plus j’ai des pensées négatives ;
- il peut s’agir de pensées concernant les autres, conditions de vie en général, mais le fait de manger ramènera le mangeur à des pensées négatives sur lui-même : plus je mange, plus je suis nul ; plus je suis nul, plus je mange
- Le cercle vicieux d’une image négative du corps et du rejet de soi , se voir ou croire gros
- Ne pas contrôler son comportement alimentaire ne renvoie pas une bonne image de soi, être gros c’est porter la marque de son infamie, absence de volonté, preuve de son insuffisance
- Le cercle de la relation négative entre les aliments et la restriction cognitive
- la restriction cognitive entraine un flot d’émotions négatives : peur de manquer, avoir faim, frustration, culpabilité, insécurité alimentaire ; elle augmente l’impulsivité alimentaire et l’intolérance aux émotions.
- Plus je mange, plus je me restreins, et plus je me restreins plus je mange
Comprendre ce qu’est la restriction cognitive et ce qui s’y joue permet de mieux cerner ce qui va permettre aussi de sortir de ces cercles vicieux. Il s’agira notamment de :
- Se reconnecter à ses sensations alimentaires et d’apprendre à les différencier des sensations en lien avec les émotions des sensations liées à la faim ; et d’apprendre à respecter ses sensations alimentaires
- Mieux comprendre les émotions et d’apprendre à les réguler autrement ; d’apprendre à les ressentir, les identifier, à les accepter les émotions « négatives », les frustrations.
- (re)trouver une relation positive avec l’alimentation
- Pacifier la relation à soi et avec son corps, l’image de son corps
Hypnothérapeute, sophrologue, je peux vous accompagner dans cette démarche. Et mon approche, associe la sophrologie, l’hypnose, la pleine conscience ainsi que la thérapie par la parole.
Séances sur rendez-vous à distance et à Paris 11ème au 06 34 18 00 23.