Les ressentis en tant que victime d’une agression sexuelle, viol, inceste
Le traumatisme provoque une déflagration dans tout l’être.
L'inceste induit une destruction de l'identité physique et psychique des victimes.
La personne peut être enfermée dans son mal être et ses symptômes sans avoir connaissance, conscience de ce qui s’est passée pour elle, avec une forme d’incompréhension et d’impuissance ou un mode combatif de vouloir se débarrasser de ces symptômes, sans présager du lien avec le traumatisme.
La personne peut pressentir ce qui s’est passée pour elle, avoir des suspicions sans en être sûre, une forme de doute. Et peut dans ce cas avoir envie, besoin de connaître exactement ce qui s’est passée.
Chaque expérience est différente, la façon de réagir, le mode de protection de l’organisme, ainsi que celui du psychisme. Même si on retrouve des similitudes dans les ressentis.
Ce 4eme volet sur le sujet des viols, agressions sexuelles, et incestes complète notamment le 3ème article sur les symptômes. De la même façon, il ne se prétend pas exhaustif, mais plutôt comme un guide de compréhension de ce que la victime peut ressentir.
1- la perte de repères ; des sentiments de honte et de culpabilité
Le traumatisme brouille complètement le psychisme.
- Durant l’agression, la personne a ressenti des émotions et sensations contradictoires qui engendrent de la honte et de la culpabilité. D’un côté, la victime n’a pas su dire non, su crier, s’exprimer. Et en plus, elle a ressenti physiologiquement du plaisir. Ce qu’elle n’accepte évidemment pas. Et ce qui engendre une vision dégoûtante d’elle-même. Elle se rejette.
- Quand il s’agit de l’inceste, il y a en plus la notion de repères qui se brouille complètement, renforcée par le jeune âge de la victime. L’acte est commis dans la famille, un lieu de construction de repères, un lieu de sécurité. Une figure d’autorité transgresse les limites. Il n’y a plus de repères. C’est incompréhensible pour l’enfant, la victime. La personne ne sait alors pas, plus ce qui est juste ou pas juste, même quand elle relate son traumatisme des années après… tant le brouillage et l’empreinte sont persistants
- Le silence exigé par l’agresseur finit de verrouiller le processus, d’autant plus que l’entourage peut feindre de ne pas voir ce qui se passe, de ne pas écouter ce qui est dit par la victime, ou de ne pas savoir également.
- La victime a peur de perdre sa famille si elle dénonce l’agresseur, peur de ne pas être entendue, crue, peur d’être rejetée
2- l’impact identitaire et les ressentis en lien avec l’absence de sécurité de soi à soi
Comme nous l’avons exploré dans l’article N°2 sur le traumatisme et l’article N°3 sur les symptômes, la personne victime d’une agression, viol, inceste vit dans un sentiment d’insécurité, coupée de soi et des autres.
- elle est perdue, doutant de tout, confuse, se sentant différente, comme étrangère au monde et à soi
- Cette insécurité amène un doute sur soi, un terrible manque de confiance en soi, et même d’estime de soi, les bases sont sapées, détruites par l’agression : c’est le sentiment de n’avoir aucune valeur, d’être même mauvaise, d’être bête, nulle, moche, invivable, coupable de tout…
Pour contrebalancer, la personne peut tenter d’être parfaite, de se pousser à la performance à tout prix.
3- incompréhension et solitude
- C’est un profond sentiment de solitude que vit la personne victime de traumatisme : elle a vécu le plus souvent le traumatisme seule, dans le silence. Elle se sent seule, abandonnée, incomprise, désespérée, pessimiste. Souvent, elle a une impression que le sort s’acharne sur elle, que la vie se résume à souffrir et à se battre. Dépressive, elle peut ne plus croire en l’avenir, ayant l’impression d’être un boulet, et ne s’intéressant plus à rien.
- Je reviendrai sur cet aspect de victime, qui est à la fois une réalité mais aussi une posture, j’en parle juste après dans le lien avec les autres et ensuite dans le 5ème article sur la reconstruction après le traumatisme
4- les ressentis en lien avec les autres ; problématique de postures et de positionnement
- Le traumatisme brouille les repères, les postures, surtout dans l’inceste. L’abusé ne connaît pas les limites, ne sait pas mettre de limites dans les relations. Et donc ne sait pas dire non, ne sait pas s’affirmer.
- Le rapport à l’autre est dangereux, c’est la peur qui domine. La colère peut être refoulée. Et la personne peut avoir peur de la colère, qu’elle vit comme une peur de l’agressivité de l’agresseur.
- La personne victime d’une agression, viol, ou d’un inceste ne se respecte pas dans la relation, accepte tout et fait même tout pour être aimé. Elle est coupée de ses besoins et répond aux besoins de l’autre ou des autres.
- Sans avoir conscience, la victime peut se placer inconsciemment dans des relations toxiques, dans des schémas répétitifs en tant que victime (au travail par exemple, sous forme de harcèlement moral ; dans les relations personnelles, toxiques)
Que vous soyez vous-même victime d’une agression, d’un viol, ou d’un inceste, ou que vous soyez un proche qui souhaite mieux comprendre ce que vit la personne victime, j’espère que cet article vous a permis de mieux cerner ce qui se passe, à la suite du traumatisme.
Et pour prolonger cette compréhension, vous pouvez lire mon 3eme article sur les symptômes. Vous trouverez également d'autres articles sur le sujet sur la reconstruction après le traumatisme, des conseils pour les proches et amis de victimes. N'hésitez pas à lire également le 1er article sur les définitions et ce qui dit la loi ainsi que celui sur le traumatisme et la mémoire traumatique. Sophrologue, hypnothérapeute, thérapeute, je peux vous accompagner si vous avez été victime d’une agression, d’un viol, d’un inceste. Vous pouvez m’appeler pour un premier contact et si vous le souhaitez prendre rendez-vous. Consultations à Paris dans le 11ème et en visio.
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Pour lire le 4ème article sur la reconstruction ou mon 3eme article sur les symptômes.